A une heure du matin

MĂ©contente de tous et mĂ©contente de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit.

Âmes de ceux que j’ai aimĂ©s, Ăąmes de ceux que j’ai chantĂ©s, fortifiez-moi, soutenez-moi, Ă©loignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, mon Incorrigible, accordez-moi la grĂące de produire quelques beaux vers qui me prouvent Ă  moi-mĂȘme que je ne suis pas la derniĂšre des femmes, que je ne suis pas infĂ©rieure Ă  ceux que je mĂ©prise !

horloge

[Evidemment, encore une fois librement inspirĂ© de, et complĂštement volĂ© Ă , Baudelaire, Petits poĂšmes en prose]

Comme si

Ta langue, patiemment, sur mon sein se promĂšne. LĂšche. Titille. Aspire. Embrasse. Suce. Caresse. Souffle. Et jamais tu ne mords. Tes lĂšvres entourent mon tĂ©ton. RĂ©chauffent le bout de mon sein. Salivent sur mon arĂ©ole. Englobent la chair Ă©lastique et tendue. Migrent vers l’autre globe. Et ta langue, patiemment, sur mon sein se promĂšne.

Je relĂšve mes bras au-dessus de la tĂȘte pour te laisser t’occuper encore de mes seins lourds et durs. Je croise les poignets l’un sur l’autre. Je ferme les yeux.

Soudain, mes yeux sont bandĂ©s. Mes mains menottĂ©es. Ce n’est plus ta bouche, c’est la vĂŽtre. Vous me mordez. Pincez. Giflez. Saisissez. Triturez. Agrippez. Malaxez. Griffez.

Je jouis. Fort. Aveuglée. Entravée. La poitrine tendue vers vos dents assassines.

Devant la porte

Il y a derriĂšre la porte de mes envies des fantasmes rĂ©currents et puissants que je n’ai jamais assouvis. A la moitiĂ© de mon Ăąge actuel, j’aurais pu choisir de me laisser entraĂźner par un esthĂšte de la fessĂ©e dans une farandole de plaisirs effrontĂ©ment libertins. Je n’ai pas choisi cette voie : j’ai fait d’autres choses et appris sur moi. J’ai mĂ»ri, observĂ©, lu. J’ai aimĂ©, souffert, aimĂ© encore.

Aujourd’hui, je suis de nouveau devant la porte. Vous m’y embrassez furieusement, aprĂšs m’avoir ravie deux heures durant d’anecdotes pĂ©tillantes et de discussions salaces Ă  haute voix dans un salon de thĂ© bondĂ©. J’étais nue sous ma robe et vous le saviez. J’étais joyeuse et vous le voyiez. Il n’y a pas de meilleur endroit pour s’embrasser que devant une porte que nous choisissons d’emprunter ensemble.

Ce qui compte, ça n’est pas le chemin ni la destination. C’est avec qui on se met en marche. Vous avez une grande enjambĂ©e de sportif et je suis encore incertaine sur ma cheville dĂ©faillante. Mais vous me donnez le bras quand je vacille et je vous ai dit ce Ă  quoi j’aspirais : rire et jouir en confiance, en transparence, avec beaucoup de bienveillance l’un pour l’autre.

Dix ans aprĂšs

Quelqu’un a oubliĂ© ? Moi pas
 Je me souviens d’un appartement avec une mezzanine ? Que tu Ă©tais arrivĂ© alors que tout le monde Ă©tait dĂ©jĂ  lĂ . Et que j’avais lu chaque mot comme on sirote un mojito 🐞

Je caresse le projet de raconter Ă  nouveau, ici, mon « anniversaire Â» dix ans aprĂšs les faits. Juste pour voir ce que ma mĂ©moire a gardĂ© de ces 


Dix ans aprĂšs
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Monsieur le Président

Retrouver un amant aprĂšs une longue pĂ©riode d’absence, c’est un peu nouveau et puis pas vraiment. Sans l’angoisse des premiĂšres fois mais pas non plus le thrill de la dĂ©couverte. Il n’y a pas d’émerveillement puisque tout est connu mais il y a de la confiance puisque j’y retourne.

Il avait rĂ©clamĂ© un rendez-vous dĂšs que j’avais Ă©tĂ© disponible ; il faut dire que je l’avais Ă©cartĂ© sans vraiment le quitter, en me consacrant entiĂšrement Ă  celui qui avait ravi mon coeur. Je le retrouvais avec le sourire Ă  la terrasse de l’hĂŽtel du golf dans un cadre bucolique et champĂȘtre, quoique pas trĂšs ensoleillĂ©.

– Tu veux un verre de vin ?

– Non, je prĂ©fĂ©rerais baiser. Tu es lĂ  pour ça aussi, non ?

Je savais qu’il allait rougir violemment et je regardais son pantalon devenir un peu trop serrĂ©. Avait-il peur que nos voisins entendent la teneur de notre conversation ? Monsieur le PrĂ©sident avait rapidement rĂ©glĂ© nos sodas et nous avions rejoint la chambre spacieuse qu’il avait rĂ©servĂ©e. Je me souvenais de son corps athlĂ©tique – et je remerciais in petto son assiduitĂ© Ă  la salle – et de ses baisers longs et tendres. J’avais oubliĂ© qu’il aimait beaucoup mes seins et me regarder prendre du plaisir.

Son odeur familiĂšre Ă©tait rassurante et l’application avec laquelle il me conduisait vers le plaisir touchante. J’aurais jurĂ© qu’il suivait le kamasutra paragraphe par paragraphe. Sans jamais un mot pour me brusquer. Sans jamais un mot d’ailleurs. Monsieur le PrĂ©sident Ă©tait silencieux, appliquĂ©, endurant. Et il jetait encore ses capotes dans la poubelle aprĂšs les avoir vidĂ©es dans les toilettes. Tri Ă©cologique et certitude d’éviter toute grossesse involontaire. Ca me faisait rire avant ; vu mon Ăąge et mon stĂ©rilet, ça relevait dĂ©sormais de la paranoĂŻa la plus pure. Probablement un truc conseillĂ© par les avocats qui avaient nĂ©gociĂ© ses trois divorces et les pensions de ses ex.

Quand il s’est endormi juste aprĂšs le second round, je me suis retrouvĂ©e seule, allongĂ©e Ă  regarder le plafond. Est-ce que c’était bien ? J’avais joui deux fois. Tranquillement. Sans pression. Sans beaucoup d’excitation non plus. Lui avait comme toujours refusĂ© ma bouche, ce que je ne comprenais pas et qui me frustrait beaucoup. Il m’avait fait jouir de la sienne puis m’avait pĂ©nĂ©trĂ©e longuement avant de s’écrouler, vaincu et grimaçant. Son corps musclĂ© reposait prĂšs de moi et je me demandais si j’étais satisfaite.

En tous cas, j’étais sereine. Qu’allait-il se passer maintenant ? Nous allions comparer nos agendas et il allait dĂ©terminer qu’il avait une date dans trois mois oĂč peut-ĂȘtre il ne serait ni Ă  New York ni Ă  Toulouse. Ce serait Ă  une date qui ne m’arrangeait pas ; est-ce que je ferais l’effort pour me libĂ©rer deux ou trois heures ? Il n’y aurait ni sexe au tĂ©lĂ©phone ni message malicieux ni rien pour relier les pointillĂ©s entre aujourd’hui et la prochaine fois. Pas de banquet somptueux ni de concerts renversants. Pas de matches de rugby ni de dĂźner entre amis. Au mieux, j’aurais des fleurs envoyĂ©es par sa secrĂ©taire et un SMS une semaine avant pour confirmer notre crĂ©neau. Est-ce que c’était ce que je voulais ?

Je me suis rhabillĂ©e sans bruit et j’ai appelĂ© un taxi Ă  la rĂ©ception pour rentrer. J’avais envie d’un thĂ© et de rire Ă  gorge dĂ©ployĂ©e. Le sexe n’est pas une hygiĂšne ; c’est une Ă©nergie vitale.

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Main-tenue

Je vous laisse dĂ©cider. Je vous tends ma laisse et je frĂ©tille quand vous la saisissez. Je suis prĂȘte Ă  vous servir. Chaque cellule de moi sait alors que je vais vous obĂ©ir. Convoquer ce qu’il faut. Ce que je dois. Ce que vous voulez. Et que voulez-vous au fond ?

Vous dites que chaque voyage est particulier. Que ce n’est jamais la mĂȘme chose. Sans quoi cela perdrait toute saveur et tout intĂ©rĂȘt…

Vous me rendez incandescente. C’est comme indĂ©cente mais en plus lumineux. En plus sale aussi. Vous me promenez aux confins de l’acceptable. Sur les crĂȘtes de l’(in)envisageable. Con-tenue. A la fois nue et tenue et vos doigts faisant gicler de mon sexe la fĂ©minitĂ© comme le jus d’un agrume.

Je m’ouvre avec une facilitĂ© que vous observez d’un air blasĂ© de vieux routard de la connexion. Je sais pourtant la beautĂ© de ce que je vous offre. Et la saveur de ce qui coule sans effort.

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S – – – – – – – – – e

J’avais toujours dit que non. Que c’était rĂ©pugnant. DĂ©gradant. Stupide. J’avais regardĂ© des films et des images par centaines qui semblaient exciter mes prĂ©cĂ©dents partenaires et oĂč des femmes portaient sur leur corps et leur visage des inscriptions inacceptables. Je ne comprenais pas oĂč Ă©tait le kiff.

Si tu me demandes, la femme sur laquelle les insultes sont Ă©crites ne les voit pas. Alors elles en disent plus sur celui qui Ă©crit que sur celle qui les porte. Et sur ceux qui regardent et qui rigolent aussi. Humilier sa partenaire est un mĂ©canisme incomprĂ©hensible pour moi. Qu’est-ce qu’on a Ă  y gagner ? Qu’est-ce qui peut en sortir de bon ? C’est comme une violence morale, comme une violence physique, ça blesse. Dans quel but ? Ça n’est pas du sexe, c’est de l’emprise. Et au jeu du pouvoir, j’ai mon mot Ă  dire.

J’ai passĂ© l’ñge des cap ou pas cap. Je les ai tous gagnĂ©s d’ailleurs. Les raisonnables et les moins. Don’t ever dare me or you will lose. Je n’ai rien Ă  te prouver en plus, je suis libre de toi ; et, si c’est ce que tu veux, tu retourneras en un clic, Ă  l’inconnu que tu Ă©tais avant. Je t’ai dit comme le miroir que tu me tendais Ă©tait joyeux. Je vois comme mon image en toi mais plus jamais je ne me brade. Tu devras m’accueillir aussi. Me convaincre. Me mĂ©riter. Me respecter. Chaque fois.

Je n’ai rien non plus Ă  me prouver. J’ai eu le temps huit semaines allongĂ©e sur mon lit mĂ©dicalisĂ© pour rĂ©flĂ©chir Ă  comment j’allais ou non reprendre la mĂȘme vie ou permettre Ă  une autre d’éclore. J’ai la chance d’ĂȘtre aimĂ©e. EntourĂ©e. J’ai une famille de sang et une autre que j’ai choisie ; les deux m’ont pansĂ©e et je suis prĂȘte Ă  avancer. D’ailleurs tu as vu mes bottes de sept lieues ?

J’avais toujours dit non et puis je t’ai laissĂ© faire. J’ignore pourquoi mais c’était fluide comme cela. J’ai patientĂ© sagement pendant que tu Ă©crivais. A qui avais-tu volĂ© ce crayon Ă  lĂšvres ? L’as-tu toujours en poche pour humilier un petit coup tes partenaires coincĂ©es ? Ou l’as-tu spĂ©cialement subtilisĂ© Ă  une autre pour pouvoir m’écrire dessus ? 

Tu ne m’as pas dit ce que tu avais Ă©crit. Je ne l’ai su que longtemps aprĂšs quand j’ai essuyĂ© mon visage de tes jus odorants. Onze lettres rouges sur mon front.

Je suis fiĂšre. De ca. D’ĂȘtre une salope anale. Ça n’est pas une tare. Souvent les inscriptions dĂ©gradantes sont avec plein de fautes. MĂ©diocres. PathĂ©tiques.

LĂ , tu as Ă©crit mon nom. Avais-tu peur de l’oublier en si peu de temps ? Moi, je suis qui je suis sans besoin de porter une Ă©tiquette. Mais s’il faut porter un label alors je serai comme un hĂ©raut du moyen Ăąge, je porterai tes couleurs, Messire.

Tu ne m’as pas dit non plus pourquoi tu as choisi ces mots. Et tu me diras aussi ce que tu as vu dans mes yeux. Si la fiertĂ© et la joie Ă©taient bien visibles. Pour moi, les lettres n’existaient pas. Il n’y avait que tes mains et ta bouche. Et tes coups de rein. J’ai rĂ©pĂ©tĂ© tous les mots que tu as voulu. Je t’ai accueilli entiĂšrement. Lettres ou pas lettres, nos peaux ont exultĂ© l’une contre l’autre.

J’aurais pu Ă©crire sur ton front aussi. D’ailleurs, j’ai collĂ© mentalement toute l’aprĂšs-midi des post-it humides de bave et de cyprine entre tes jolis yeux. il y en a eu un orange « Fucking machine Â». Et puis un vert clair « DrĂŽle et savoureux Â». Et puis j’ai alternĂ© aussi avec « Petite nouille dĂ©semparĂ©e » avec un bruit de clochette et « J’aime me faire dĂ©foncer Â» en violet fluorescent. Tu sais quoi ? OSEF de l’emballage, viens, on suce tout ce qu’il y a Ă  l’intĂ©rieur !

La boĂźte

Tu l’as tout de suite su, que j’avais envie d’ĂȘtre offerte. Que j’étais ce genre de salope-lĂ . Il t’a fallu deux fois trois heures de conversation pour me convaincre d’essayer la version contemporaine et vibrante de la boĂźte. Elle n’est pas comme dans mes fantasmes.

Je la voyais en bois, gloryhole amĂ©liorĂ© pour humiliation pas si publique que ça. Je m’y sentais en sĂ©curitĂ©, inaccessible aux crachats des gueux puisque ma figure leur Ă©tait dissimulĂ©e. Mais j’étais pourtant tellement exposĂ©e, con et cul bien Ă©cartĂ©s et librement accessibles.

Tu m’avais conduite sur place sans nous presser, j’avais posĂ© mes affaires et pris une douche. Tu Ă©tais venu me rejoindre pour achever de me laver ou de me dĂ©tendre, je ne sais pas. J’étais nue sauf mes talons. J’avais refusĂ© les bas. Que les amateurs de lingerie fine les imaginent ! Moi, je voulais ĂȘtre en tenue confortable. Ni bourgeoise ni catin. Juste moi.

J’avais changĂ© mon piercing pour un anneau un peu Ă©pais, pour que tes invitĂ©s le sentent bien quand ils me fourreraient. Tu m’avais tripotĂ©e tout le temps oĂč nous Ă©tions ensemble. Comme si tu cherchais Ă  mettre ta griffe un peu partout ou Ă  me rassurer. Je n’étais pas inquiĂšte. J’étais lĂ  parce que j’avais envie.

Tu m’as installĂ©e en riant. Nous avions convenu qu’il n’y aurait pas de camĂ©ra Ă  l’intĂ©rieur car je voulais ĂȘtre seule avec mes pensĂ©es. Quand j’en ai eu marre d’hĂ©siter, je t’ai dit : « Je compte sur ton extrĂȘme attention. Â» et c’est vrai que j’en avais besoin pour me livrer aussi totalement.

Ça n’était pas comme dans mon fantasme. C’était mieux.

J’ai attendu un temps trĂšs long dans une musique d’abord d’ascenseur puis tu as mis du violoncelle. J’étais hors de vue jusqu’à la taille puis exposĂ©e. J’imagine que tu m’as regardĂ©e. PhotographiĂ©e. J’ai senti tes mains sur mes fesses. Caresser. Claquer. Parce que tu Ă©tais seul encore je t’ai entendu : « Showtime, Mademoiselle ! Â» et puis je suis rentrĂ©e en moi.

J’ai placĂ© tous mes capteurs sur les parties visibles de mon anatomie : sur les hanches oĂč inĂ©vitablement des mains allaient se poser. Dans mon sexe gonflĂ© d’anticipation et dans mon anus encore serrĂ©. A l’intĂ©rieur des genoux oĂč, comme sur les poignets, mon plaisir s’annonce. C’est marrant, c’est une fois en boĂźte que je pensais au plaisir. Serait-il lĂ  en personne ? Ou juste sa reprĂ©sentation dans ma tĂȘte.

Et j’ai entendu les voix. Plusieurs. Deux, trois, quatre, plus ? Et les rires. Et une claque sur mon postĂ©rieur tout blanc. Et des doigts qui entrent en moi. Je sais que tu ne participeras pas Ă  la fiesta. Je t’ai demandĂ© de vĂ©rifier qu’ils me lubrifiaient correctement et qu’ils ajustaient parfaitement leurs capotes. J’aime savoir que ton regard ne va pas quitter mon entrejambes des yeux.

Je gĂ©mis Ă  la premiĂšre queue. Je souris aussi. Je souris comme quand le jus de la cerise coule sur le menton. Je ne vais pas prendre tout cela dignement. Je vais prendre toutes les queues que tu as convoquĂ©es pour moi joyeusement. Les mains m’agrippent et s’agitent. PremiĂšre salve intĂ©ressante. Je sens mes seins durs. Je monte en excitation. Je pense Ă  tes yeux sur moi.

Quand la premiĂšre bite me laisse bĂ©ante, je pense Ă  ma respiration. Ne pas perdre haleine. Je respire fort et un autre vit s’engouffre. Tout aussi dur. Plus lent. Plus appliquĂ©. Ses va-et-viens me troublent. Et un doigt s’occupe de me caresser la rondelle. Tu sais toi, que c’est la recette pour faire monter ma tempĂ©rature. Pas tant de me titiller l’anus, quoique j’en sois bien sensible, mais surtout de me solliciter doublement. Je suis une femme simple : une caresse, je gĂšre, deux, ça disjoncte.

Et quand ça disjoncte, ce sont mes tripes qui accueillent les informations et elles aiment ce qu’elles ressentent. Les va-et-vient. Le chaud. La douceur et les doigts qui marquent. Mon jus qui coule. Les chairs qui s’ouvrent et qui enserrent. Mes oreilles n’entendent mĂȘme plus mes cris mais les encouragements, ça oui.

Je ne compte pas. Je n’avais pas envie. Je sais que tu le fais pour moi. Je me sens boursouflĂ©e et accueillante. J’ai posĂ© mes genoux, changĂ© d’angle. Les queues m’enfilent et la jouissance revient. Je suis comme une coupe pleine qui dĂ©borde Ă  l’infini. Je suis saisie, remplie, badigeonnĂ©e, baisĂ©e ; je me sens fort aise.

Mon esprit flotte dans une quiĂ©tude qui contraste avec la chair malmenĂ©e de mes hanches et de mes fesses. Je suis lĂ . Je m’enroule autour des colonnes de chair et je sens que je bave. Je tire la langue dans ma boĂźte tellement c’est bon. Et puis ça continue. Je mets un point d’honneur Ă  m’ouvrir pour chaque lance qui me transperce. Et plus je suis ouverte et plus je fonds.

Je rĂ©alise enfin que la fureur a cessĂ©. Que le calme est revenu. Ces mains qui me caressent doucement sont-elles les tiennes ? Tu avais dit que tu viendrais te joindre au chƓur des valeureux si cela te semblait appropriĂ© le moment venu. Tu glisses en moi sans effort et, parce que c’est toi, je m’emporte encore une fois par-dessus la cascade. Je ne voulais rien promettre mais je te sens rassasiĂ©.

La lumiĂšre me pique les yeux. Tu me serres fort et tu me caresses les cheveux. « Quelle belle salope ! FĂ©licitations Mademoiselle ! Â»

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Il y a des rĂȘves

Il y a des rĂȘves Ă©veillĂ©s, des desseins qu’on poursuit et d’envies partagĂ©es, d’aventures communes et de chemins ensemble.

Il y a des rĂȘves nocturnes de dĂ©sirs oubliĂ©s ou jamais vraiment dits, des potentiels tus parce que trop dĂ©rangeants.

Il y a des rĂȘves honteux, qui rendent Ă©carlates les joues bientĂŽt couvertes de larmes, de punitions bien mĂ©ritĂ©es.

Il y a des rĂȘves sous vos doigts qui libĂšrent, des ressemblances qui s’affirment, des joies qui vocifĂšrent.

Il y a aujourd’hui maintenant quand vous me dĂ©shabillez. Et la peau qui murmure : il y a des jours plus beaux que les rĂȘves les plus fous.

Galerie

Gantée

Rien ne sert de mettre des gants de caoutchouc : tout ce qui peut ĂȘtre froidement et intellectuellement manipulĂ© appartient Ă  la carapace, et une femme qui brĂ»le de crĂ©er plonge toujours au-dessous, vers la blessure ouverte, vers l’horreur obscĂšne et infectĂ©e.

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Librement adaptĂ© d’Henry Miller, Le tropique du cancer / dessin svscomics.com