(Dé)montée

La première fois où j’ai eu peur de votre folie, vous veniez de me dire : « Je vais te dépouiller ».

Je ne m’étais pas encore donnée à vous. Je sentais une violence rare dans vos paroles et surtout j’y percevais mon impuissance à lutter contre vous. Je n’avais pas tort. Mais je n’ai pourtant pas hésité à devenir vôtre.

Je sais maintenant que vous savez canaliser la violence que vous portez en vous pour l’incarner dans des moments partagés d’une beauté rare. Ce que vous nommez dépouiller, d’autres l’appellent dérouiller, moi je le range dans la case délivrer. Je ressors épuisée mentalement et marquée physiquement de ces corps-à-corps intenses où vous me dominez subtilement mais sans hésiter. Je trouve une grande liberté dans le lâcher-prise auquel vous m’obligez quand je suis face à vous.

Maintenant, même à distance, vous me bousculez. Vous dites : « J’adore te démonter ». Vous l’utilisez exactement dans le sens où on dit de quelqu’un « il/elle ne s’est pas laissé(e) démonter ». Sauf que vous, vous me démontez vraiment. Je dois admettre que vous bossez dur pour trouver toujours le truc qui va suffisamment m’énerver pour me faire sortir de ma zone de confort et bien assez m’exciter pour me rendre fière d’être à vous.

Vous savez ne pas me demander l’impossible, juste choisir l’indécent, l’inconcevable, le transgressif. Vous savez aussi que je commence toujours par froncer les sourcils, que progressivement, à mesure que mon cerveau percute, mon sourire s’agrandit et que je finirai évidemment par battre des mains comme une enfant émerveillée par le plaisir intense.

Hier, j’ai gardé, à votre demande, une partie de la journée, un plug énorme visé dans mon passage étroit. J’ai été tour-à-tour vexée, gênée, stupéfaite, mal-à-l’aise, défoncée, excitée, réjouie, submergée, vaincue, repue. Il faut dire que vous êtes mieux que les Suédois et leurs meubles en kit, pas une pièce en trop et un mode d’emploi en un seul mot : obéir. Vous êtes non seulement expert en démontage, mais aussi le roi du remontage. De moral. D’estime de soi. Vous me dites que je suis belle et je vous crois parce que c’est vrai, à ce moment-là, quand ma soumission est totale et que je coule sur le chemin de la jouissance.

Alors, s’il vous plaît, mon Seigneur, lorsque l’envie vous prend, je vous remercie par avance de me démonter à loisir.

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