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Je veux

Je veux de longues heures sereines. Ma tĂȘte sur tes genoux pendant que tu lis la biographie d’un obscur poĂšte d’Europe de l’Est.

Je veux que tes neurones crépitent de plaisir en pensant à notre dernier baiser. Et au prochain aussi. Que tu y penses sans cesse, à nos caresses si peu conventionnelles.

Je veux que nos discussions dĂ©tricotent toutes nos prĂ©ventions, ces idĂ©es fausses qui chargent nos barques et les font dĂ©river si on n’y prĂȘte garde.

Je te veux prÚs de moi, vulnérable et critique, pour avancer ensemble.

Je veux ton amour déraisonnable et la folie qui va avec. Lécher ton sexe longuement et te laisser me baiser sans ménagement.

Je veux tes mots si bien choisis, murmurĂ©s d’une voix rauque au creux de mon oreille, pour que mes joues rosissent de dĂ©sir.

Je veux que notre histoire s’anime de vacances sous la pluie et de fous rires au soleil. Je veux que tu arrĂȘtes d’avoir honte de qui tu es : ton animalitĂ© me bouleverse.

Je veux l’intelligence de tous ceux qui comptent et la bienveillance de leurs regards. Ton rire dans ma vie et mes bottines dans ton entrĂ©e.

Je veux te regarder jouir et penser dĂ©jĂ  aux caresses d’aprĂšs. Que tu trouves ton Ă©quilibre en m’incluant dans ton Ă©quation.

Je veux que tu Ă©crives la suite avec l’encre de nos cƓurs qui vibrent. Je te veux, toi, magnifique et sauvage, ma joie, mon oiseau de paradis.

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Main-tenue

Je vous laisse dĂ©cider. Je vous tends ma laisse et je frĂ©tille quand vous la saisissez. Je suis prĂȘte Ă  vous servir. Chaque cellule de moi sait alors que je vais vous obĂ©ir. Convoquer ce qu’il faut. Ce que je dois. Ce que vous voulez. Et que voulez-vous au fond ?

Vous dites que chaque voyage est particulier. Que ce n’est jamais la mĂȘme chose. Sans quoi cela perdrait toute saveur et tout intĂ©rĂȘt…

Vous me rendez incandescente. C’est comme indĂ©cente mais en plus lumineux. En plus sale aussi. Vous me promenez aux confins de l’acceptable. Sur les crĂȘtes de l’(in)envisageable. Con-tenue. A la fois nue et tenue et vos doigts faisant gicler de mon sexe la fĂ©minitĂ© comme le jus d’un agrume.

Je m’ouvre avec une facilitĂ© que vous observez d’un air blasĂ© de vieux routard de la connexion. Je sais pourtant la beautĂ© de ce que je vous offre. Et la saveur de ce qui coule sans effort.

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S——- ——e

J’avais toujours dit que non. Que c’était rĂ©pugnant. DĂ©gradant. Stupide. J’avais regardĂ© des films et des images par centaines qui semblaient exciter mes prĂ©cĂ©dents partenaires et oĂč des femmes portaient sur leur corps et leur visage des inscriptions inacceptables. Je ne comprenais pas oĂč Ă©tait le kiff.

Si tu me demandes, la femme sur laquelle les insultes sont Ă©crites ne les voit pas. Alors elles en disent plus sur celui qui Ă©crit que sur celle qui les porte. Et sur ceux qui regardent et qui rigolent aussi. Humilier sa partenaire est un mĂ©canisme incomprĂ©hensible pour moi. Qu’est-ce qu’on a Ă  y gagner ? Qu’est-ce qui peut en sortir de bon ? C’est comme une violence morale, comme une violence physique, ça blesse. Dans quel but ? Ça n’est pas du sexe, c’est de l’emprise. Et au jeu du pouvoir, j’ai mon mot Ă  dire.

J’ai passĂ© l’ñge des cap ou pas cap. Je les ai tous gagnĂ©s d’ailleurs. Les raisonnables et les moins. Don’t ever dare me or you will lose. Je n’ai rien Ă  te prouver en plus, je suis libre de toi ; et, si c’est ce que tu veux, tu retourneras en un clic, Ă  l’inconnu que tu Ă©tais avant. Je t’ai dit comme le miroir que tu me tendais Ă©tait joyeux. Je vois comme mon image en toi mais plus jamais je ne me brade. Tu devras m’accueillir aussi. Me convaincre. Me mĂ©riter. Me respecter. Chaque fois.

Je n’ai rien non plus Ă  me prouver. J’ai eu le temps huit semaines allongĂ©e sur mon lit mĂ©dicalisĂ© pour rĂ©flĂ©chir Ă  comment j’allais ou non reprendre la mĂȘme vie ou permettre Ă  une autre d’éclore. J’ai la chance d’ĂȘtre aimĂ©e. EntourĂ©e. J’ai une famille de sang et une autre que j’ai choisie ; les deux m’ont pansĂ©e et je suis prĂȘte Ă  avancer. D’ailleurs tu as vu mes bottes de sept lieues ?

J’avais toujours dit non et puis je t’ai laissĂ© faire. J’ignore pourquoi mais c’était fluide comme cela. J’ai patientĂ© sagement pendant que tu Ă©crivais. A qui avais-tu volĂ© ce crayon Ă  lĂšvres ? L’as-tu toujours en poche pour humilier un petit coup tes partenaires coincĂ©es ? Ou l’as-tu spĂ©cialement subtilisĂ© Ă  une autre pour pouvoir m’écrire dessus ? 

Tu ne m’as pas dit ce que tu avais Ă©crit. Je ne l’ai su que longtemps aprĂšs quand j’ai essuyĂ© mon visage de tes jus odorants. Onze lettres rouges sur mon front.

Je suis fiĂšre. De ca. D’ĂȘtre une salope anale. Ça n’est pas une tare. Souvent les inscriptions dĂ©gradantes sont avec plein de fautes. MĂ©diocres. PathĂ©tiques.

LĂ , tu as Ă©crit mon nom. Avais-tu peur de l’oublier en si peu de temps ? Moi, je suis qui je suis sans besoin de porter une Ă©tiquette. Mais s’il faut porter un label alors je serai comme un hĂ©raut du moyen Ăąge, je porterai tes couleurs, Messire.

Tu ne m’as pas dit non plus pourquoi tu as choisi ces mots. Et tu me diras aussi ce que tu as vu dans mes yeux. Si la fiertĂ© et la joie Ă©taient bien visibles. Pour moi, les lettres n’existaient pas. Il n’y avait que tes mains et ta bouche. Et tes coups de rein. J’ai rĂ©pĂ©tĂ© tous les mots que tu as voulu. Je t’ai accueilli entiĂšrement. Lettres ou pas lettres, nos peaux ont exultĂ© l’une contre l’autre.

J’aurais pu Ă©crire sur ton front aussi. D’ailleurs, j’ai collĂ© mentalement toute l’aprĂšs-midi des post-it humides de bave et de cyprine entre tes jolis yeux. il y en a eu un orange « Fucking machine Â». Et puis un vert clair « DrĂŽle et savoureux Â». Et puis j’ai alternĂ© aussi avec « Petite nouille dĂ©semparĂ©e » avec un bruit de clochette et « J’aime me faire dĂ©foncer Â» en violet fluorescent. Tu sais quoi ? OSEF de l’emballage, viens, on suce tout ce qu’il y a Ă  l’intĂ©rieur !

La boĂźte

Tu l’as tout de suite su, que j’avais envie d’ĂȘtre offerte. Que j’étais ce genre de salope-lĂ . Il t’a fallu deux fois trois heures de conversation pour me convaincre d’essayer la version contemporaine et vibrante de la boĂźte. Elle n’est pas comme dans mes fantasmes.

Je la voyais en bois, gloryhole amĂ©liorĂ© pour humiliation pas si publique que ça. Je m’y sentais en sĂ©curitĂ©, inaccessible aux crachats des gueux puisque ma figure leur Ă©tait dissimulĂ©e. Mais j’étais pourtant tellement exposĂ©e, con et cul bien Ă©cartĂ©s et librement accessibles.

Tu m’avais conduite sur place sans nous presser, j’avais posĂ© mes affaires et pris une douche. Tu Ă©tais venu me rejoindre pour achever de me laver ou de me dĂ©tendre, je ne sais pas. J’étais nue sauf mes talons. J’avais refusĂ© les bas. Que les amateurs de lingerie fine les imaginent ! Moi, je voulais ĂȘtre en tenue confortable. Ni bourgeoise ni catin. Juste moi.

J’avais changĂ© mon piercing pour un anneau un peu Ă©pais, pour que tes invitĂ©s le sentent bien quand ils me fourreraient. Tu m’avais tripotĂ©e tout le temps oĂč nous Ă©tions ensemble. Comme si tu cherchais Ă  mettre ta griffe un peu partout ou Ă  me rassurer. Je n’étais pas inquiĂšte. J’étais lĂ  parce que j’avais envie.

Tu m’as installĂ©e en riant. Nous avions convenu qu’il n’y aurait pas de camĂ©ra Ă  l’intĂ©rieur car je voulais ĂȘtre seule avec mes pensĂ©es. Quand j’en ai eu marre d’hĂ©siter, je t’ai dit : « Je compte sur ton extrĂȘme attention. Â» et c’est vrai que j’en avais besoin pour me livrer aussi totalement.

Ça n’était pas comme dans mon fantasme. C’était mieux.

J’ai attendu un temps trĂšs long dans une musique d’abord d’ascenseur puis tu as mis du violoncelle. J’étais hors de vue jusqu’à la taille puis exposĂ©e. J’imagine que tu m’as regardĂ©e. PhotographiĂ©e. J’ai senti tes mains sur mes fesses. Caresser. Claquer. Parce que tu Ă©tais seul encore je t’ai entendu : « Showtime, Mademoiselle ! Â» et puis je suis rentrĂ©e en moi.

J’ai placĂ© tous mes capteurs sur les parties visibles de mon anatomie : sur les hanches oĂč inĂ©vitablement des mains allaient se poser. Dans mon sexe gonflĂ© d’anticipation et dans mon anus encore serrĂ©. A l’intĂ©rieur des genoux oĂč, comme sur les poignets, mon plaisir s’annonce. C’est marrant, c’est une fois en boĂźte que je pensais au plaisir. Serait-il lĂ  en personne ? Ou juste sa reprĂ©sentation dans ma tĂȘte.

Et j’ai entendu les voix. Plusieurs. Deux, trois, quatre, plus ? Et les rires. Et une claque sur mon postĂ©rieur tout blanc. Et des doigts qui entrent en moi. Je sais que tu ne participeras pas Ă  la fiesta. Je t’ai demandĂ© de vĂ©rifier qu’ils me lubrifiaient correctement et qu’ils ajustaient parfaitement leurs capotes. J’aime savoir que ton regard ne va pas quitter mon entrejambes des yeux.

Je gĂ©mis Ă  la premiĂšre queue. Je souris aussi. Je souris comme quand le jus de la cerise coule sur le menton. Je ne vais pas prendre tout cela dignement. Je vais prendre toutes les queues que tu as convoquĂ©es pour moi joyeusement. Les mains m’agrippent et s’agitent. PremiĂšre salve intĂ©ressante. Je sens mes seins durs. Je monte en excitation. Je pense Ă  tes yeux sur moi.

Quand la premiĂšre bite me laisse bĂ©ante, je pense Ă  ma respiration. Ne pas perdre haleine. Je respire fort et un autre vit s’engouffre. Tout aussi dur. Plus lent. Plus appliquĂ©. Ses va-et-viens me troublent. Et un doigt s’occupe de me caresser la rondelle. Tu sais toi, que c’est la recette pour faire monter ma tempĂ©rature. Pas tant de me titiller l’anus, quoique j’en sois bien sensible, mais surtout de me solliciter doublement. Je suis une femme simple : une caresse, je gĂšre, deux, ça disjoncte.

Et quand ça disjoncte, ce sont mes tripes qui accueillent les informations et elles aiment ce qu’elles ressentent. Les va-et-vient. Le chaud. La douceur et les doigts qui marquent. Mon jus qui coule. Les chairs qui s’ouvrent et qui enserrent. Mes oreilles n’entendent mĂȘme plus mes cris mais les encouragements, ça oui.

Je ne compte pas. Je n’avais pas envie. Je sais que tu le fais pour moi. Je me sens boursouflĂ©e et accueillante. J’ai posĂ© mes genoux, changĂ© d’angle. Les queues m’enfilent et la jouissance revient. Je suis comme une coupe pleine qui dĂ©borde Ă  l’infini. Je suis saisie, remplie, badigeonnĂ©e, baisĂ©e ; je me sens fort aise.

Mon esprit flotte dans une quiĂ©tude qui contraste avec la chair malmenĂ©e de mes hanches et de mes fesses. Je suis lĂ . Je m’enroule autour des colonnes de chair et je sens que je bave. Je tire la langue dans ma boĂźte tellement c’est bon. Et puis ça continue. Je mets un point d’honneur Ă  m’ouvrir pour chaque lance qui me transperce. Et plus je suis ouverte et plus je fonds.

Je rĂ©alise enfin que la fureur a cessĂ©. Que le calme est revenu. Ces mains qui me caressent doucement sont-elles les tiennes ? Tu avais dit que tu viendrais te joindre au chƓur des valeureux si cela te semblait appropriĂ© le moment venu. Tu glisses en moi sans effort et, parce que c’est toi, je m’emporte encore une fois par-dessus la cascade. Je ne voulais rien promettre mais je te sens rassasiĂ©.

La lumiĂšre me pique les yeux. Tu me serres fort et tu me caresses les cheveux. « Quelle belle salope ! FĂ©licitations Mademoiselle ! Â»

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Il y a des rĂȘves

Il y a des rĂȘves Ă©veillĂ©s, des desseins qu’on poursuit et d’envies partagĂ©es, d’aventures communes et de chemins ensemble.

Il y a des rĂȘves nocturnes de dĂ©sirs oubliĂ©s ou jamais vraiment dits, des potentiels tus parce que trop dĂ©rangeants.

Il y a des rĂȘves honteux, qui rendent Ă©carlates les joues bientĂŽt couvertes de larmes, de punitions bien mĂ©ritĂ©es.

Il y a des rĂȘves sous vos doigts qui libĂšrent, des ressemblances qui s’affirment, des joies qui vocifĂšrent.

Il y a aujourd’hui maintenant quand vous me dĂ©shabillez. Et la peau qui murmure : il y a des jours plus beaux que les rĂȘves les plus fous.

Galerie

Gantée

Rien ne sert de mettre des gants de caoutchouc : tout ce qui peut ĂȘtre froidement et intellectuellement manipulĂ© appartient Ă  la carapace, et une femme qui brĂ»le de crĂ©er plonge toujours au-dessous, vers la blessure ouverte, vers l’horreur obscĂšne et infectĂ©e.

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Librement adaptĂ© d’Henry Miller, Le tropique du cancer / dessin svscomics.com

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A taste of mine

J’essaie de me voir avec ses yeux. D’apprĂ©hender ce que son cerveau reçoit de ce que je projette. De me regarder avec son envie. Je veux me voir comme il me soumet.

Je suis une femme dĂ©sirable. Sexuelle. Avec des formes gĂ©nĂ©reuses qu’on peut attraper, une peau douce et blanche qu’on peut marquer et je possĂšde une façon trĂšs particuliĂšre de m’ouvrir, de m’offrir, de me rendre complĂštement disponible, de ne rien garder en rĂ©serve. You get it all in one go.

Assise sur cette chaise, le dos droit soutenant mon cou ornĂ© de cuir, les jambes Ă©cartĂ©es appuyĂ©es chacune contre un pied en bois blond, les mains posĂ©es au milieu de l’assise en cuir, contre mes fesses. J’ai l’air Ă  l’aise dans cette position particuliĂšre, naturelle dans mon offrande, sereine dans mon exposition. Je sais que cette posture fait ressortir mes seins, qu’elle les offre Ă  son regard, qu’il a envie de les toucher, peut-ĂȘtre de les embrasser ou de les mordre.

Je sais que j’ai l’air d’un goĂ»ter pour l’enfant affamĂ© qu’il est parfois. Je pleure de ne jamais le rassasier complĂštement mais au moins ai-je ce qu’il faut pour calmer momentanĂ©ment la douleur de sa faim.

Il aurait pu m’attacher mais il sait que je ne vais pas bouger. Il trempe ses doigts dans ma chatte comme il le ferait dans un pot de confiture et il les porte à son visage, ferme les yeux, puis introduit son pouce dans ma bouche.

Il ne me le fait pas lĂ©cher, il ne veut pas que je l’embrasse, he probes my lips and invades my mouth with his thumb covered in my juices. Je goĂ»te sur son doigt qui prend possession de ma bouche le goĂ»t de ma luxure.

Je suis sa soumise et j’aime cela.

Peep show

Vous m’aviez donnĂ© rendez-vous dans un cafĂ© boulevard de Clichy avec comme instruction de mettre des dessous, pour une fois, et un impermĂ©able. J’avais choisi de la lingerie rouge pute pour trancher avec ma peau trĂšs blanche : un tanga pour souligner la ligne de mes hanches, fendu pour vous Ă©moustiller, par-dessus un porte-jarretelles confortable qui cisaille le moins possible, des bas couleur chair bien fixĂ©s par un large liserĂ© de dentelle et un soutien-gorge ouvert qui n’avait de soutien que le nom : mes seins Ă©taient libres et tendus quand je poussais la porte du troquet. Libres et tendus sous une robe de velours noir et l’impermĂ©able rouge qui allait avec les dessous : raccord sur les couleurs, je portais des escarpins rouge vernis avec un peu de talon mais pas trop.

L’intĂ©rieur des cafĂ©s est beaucoup plus agrĂ©able depuis qu’on n’y fume plus mais l’atmosphĂšre a changĂ©. Un je ne sais quoi de gouaille perdue. L’impression que mĂȘme dans un petit boui-boui aux chalands locaux l’asepsie menace. Pas le temps de philosopher pourtant car je vous aperçois assis prĂšs du fond, dos au miroir qui court le long du mur. Je salue le tenancier et commande un thĂ© et vous me regardez arriver prĂšs de vous et me poser sur la chaise en face. J’ignore si nous jouons dĂ©jĂ . Vous me dĂ©stabilisez un peu. Alors ne sachant pas trĂšs bien comment vous saluer, je vous saisis les mains, je vous souris et je state the obvious : « Je suis ravie d’ĂȘtre avec vous Â».

– Allez aux toilettes enlever votre robe et revenez dans moins de cinq minutes.

Et vous faites le geste de regarder votre absence de montre. Vous faites partie des rares personnes qui n’utilisent pas ce moyen pour affirmer votre statut social. A Paris, sans montre, qui sommes-nous ? Je ne mets plus guĂšre la mienne que pour les grandes occasions. Comme un bijou qu’elle est. Et il n’est pas du tout question qu’un engin connectĂ© accapare jamais mes poignets.

Mais je digresse alors que j’ai dĂ©jĂ  filĂ©, par la porte Ă©troite adjacente Ă  notre table, pour ĂŽter la sage robe dans le local exigu. D’abord l’impermĂ©able puis le tissu de velours que je coince entre mes jambes pendant que je renfile le vĂȘtement de pluie. Je serre bien la ceinture. Heureusement que je suis avec vous sinon je flipperais ma race de me balader dans cette tenue mĂȘme en pleine journĂ©e. Je boutonne ce que je peux boutonner et je ceinture bien serrĂ©. J’ai quand mĂȘme l’impression d’ĂȘtre nue. Ce qui est presque vrai. Ma chatte est Ă  l’air et je suis peu couverte.

Je ressors aussi vite que je peux et vous me souriez. « J’ai failli attendre Â». Puis vous m’expliquez que nous allons donner ensemble une performance pour un public averti. Que le mieux est de ne pas penser aux spectateurs. Et que l’important est de faire du beau. Vous me rappelez les safewords. Et vous concluez : « Buvez votre thĂ©, un deuxiĂšme s’il le faut et allons-y Â».

Vous me prĂ©cĂ©dez sur le trottoir gris et je trottine Ă  vos cĂŽtĂ©s pendant trois cents mĂštres environ. Je ne dis rien. Marcher dans Paris en dessous Ă©carlates juste recouverts par un impermĂ©able de la mĂȘme couleur me donne l’impression d’ĂȘtre au centre de tous les regards. Est-ce que je me sens dĂ©visagĂ©e ? Oui. Est-ce que je me sens tripotĂ©e ? Oui. Est-ce que je me sens dĂ©sirĂ©e ? Oui. En trois cents mĂštres, j’ai droit Ă  la panoplie de regards concupiscents et moralisateurs sur la femme rouge que je suis en plein jour. Bonjour. Je m’appelle Charlotte. Et je suis folle Ă  lier.

C’est presque avec soulagement que je vous vois vous arrĂȘter devant la devanture d’un Ă©tablissement pour adultes sur laquelle les nĂ©ons cerise indiquent : Le Regardeur PEEP SHOW. Vous me regardez, d’ailleurs, et je ne pipe mot. Tout votre ĂȘtre sourit pas seulement votre bouche. Je vous remercie de cet encouragement muet et des paroles qui le suivent. « Show time, Charlotte ! Â» Et vous Ă©cartez le rideau pour entrer alors que je vous emboĂźte le bas. La lumiĂšre artificielle assaille les yeux mais c’est surtout l’odeur douceĂątre qui me saute aux narines. Mi-dĂ©sinfectant mi-moisissure. Ou mi-foutre mi-sueur. Une odeur d’homme indĂ©niablement mais comme frelatĂ©e. Faite pour ĂȘtre agrĂ©able mais doucereuse. Pas glauque ni vulgaire. Mais oppressante. Comme une urgence vitale.

Comme je consulte mes capteurs olfactifs, vous m’attrapez par le poignet et m’intimez sans un mot de vous suivre enfin vers l’entrĂ©e des artistes au lieu de lambiner. Vous fermez Ă  clĂ© derriĂšre nous dans la loge. Elle est tendue de velours rouge fatiguĂ©. J’avais oubliĂ© de regarder comment vous Ă©tiez habillĂ©. Je vous sais un penchant pour les tenues dĂ©contractĂ©es et confortables mais je vous vois toujours impeccable : aujourd’hui avec un pantalon noir qui ressemble fort Ă  un jean au toucher et un T-shirt que j’ai envie d’îter. Vous interrompez mon tripotage intempestif en ĂŽtant manu militari mon impermĂ©able. Je suis en dessous Ă©carlates et coquins et vos mains sont partout. Mes seins se dressent dans vos paumes. Vous interrompez mon mouvement de rapprochement d’un : « Parfait. Garde ton Ă©nergie. Nous avons une heure de show. Â» Je sais ce que vous dites mais je ne veux pas rĂ©flĂ©chir. Vous ouvrez l’autre porte. Je vous suis.

La cabine fait un mĂštre de large sur deux de long. Elle est entiĂšrement vitrĂ©e avec des volets roulants et une lumiĂšre comme un projecteur qui vient d’en haut. Vous refermez derriĂšre nous la porte de la loge et collez votre dos contre cette paroi. D’un geste de main, vous m’indiquez le sol. Une sorte de lino beigeasse qui ne donne pas trĂšs envie mais au moins qui ne sent pas. Je m’agenouille en vous regardant, face Ă  vous. Vous m’indiquez d’écarter un peu les jambes. Et levez votre T-shirt pour dĂ©voiler la boucle de votre ceinture.

Je vais vous lĂ©cher, ça m’occupera le cerveau. Vous vous ĂȘtes dĂ©grafĂ© d’ailleurs. Ma langue court tout autour de votre gland. Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  tout dur. Contre mon palais, vous venez buter et c’est lĂ  que vous semblez vous rĂ©veiller. Le bruit d’un volet roulant Ă  ma droite arrive avec vos mains sur mes Ă©paules. Vous vous enfoncez sans mĂ©nagement dans ma gorge. J’en pleure. Je vous regarde. Vous me giflez. Une fois. Deux fois. Et replongez dans ma bouche. Vous dites : « Regarde-moi, salope ! Â» et je lĂšve les yeux. Vous me crachez dessus sans retirer la pression sur mon pharynx. Je m’étouffe. Vos mains sont fermes sur mes Ă©paules. Je pleure et j’imagine le mascara qui coule sur les joues.

Un autre bruit de volet roulant Ă  ma gauche cette fois. Je vois bien le rideau remonter et je n’ai pas envie de regarder qui nous mate. Quelle importance ? Je me demande s’ils ont payĂ©. Et ce que vous voulez leur donner. Pendant ce temps, vous outragez ma bouche et ma gorge renĂącle. Vous tartinez ma bouche de toute la salive que je produis en me couvrant de mots difficiles Ă  entendre. Mes mains sont sur mes chevilles et je fatigue. Vous ordonnez : « Tourne-toi. Assis toi les jambes bien Ă©cartĂ©es les pieds dans les coins devant et penche ta tĂȘte en arriĂšre. Â»

La position est inconfortable. Les semelles de mes chaussures sont collĂ©es Ă  la vitre du fond de chaque cĂŽtĂ© pour m’appuyer ; je suis en Ă©quilibre prĂ©caire sur mes fesses. Je repose sur mes poignets et vous me ramonez la gorge. Vous frappez mes seins. Vous avez des mots durs. Vous me baisez la bouche sans mĂ©nagement. Je bave et j’essaie de vous accueillir sans vous mordre. J’ai envie de pleurer et d’ĂȘtre encore plus ouverte. Je sens ma chatte qui coule et l’imagine humide de mon excitation et de mon plaisir qui approche. Votre voix ne s’arrĂȘte pas et me rend docile comme si vous versiez du lubrifiant dans mon cerveau. « Ă‰carte bien les jambes qu’il voit comme tu mouilles de te faire baiser la gorge Â» entends-je alors que je suffoque. A ce moment prĂ©cis, qui regarde m’importe peu. Je veux vous accueillir encore et laisser mon plaisir me submerger. Je me noie dans mes glaires et je sens mon sexe bĂ©er. « Ouvre tes cuisses, ma salope. Montre-lui comment ça t’excite de te faire ramoner la bouche sans mĂ©nagement Â» J’ai passĂ© le cap de la rĂ©sistance et je vous laisse m’emmener oĂč vous voulez. Mon esprit se balade mĂȘme si je pense Ă  bien Ă©carter mes genoux alors que mon bassin tangue.

Je sens que vous ĂȘtes trĂšs excitĂ© et peut-ĂȘtre mĂȘme que vous allez jouir de cette fureur ; alors, bien sĂ»r, vous vous retirez de ma bouche et je relĂšve enfin la tĂȘte aprĂšs un long moment passĂ© comme en apesanteur vers l’arriĂšre. C’est alors que je note que le volet d’en face est ouvert. Est-ce qu’il a trois spectateurs maintenant ? Je regarde les autres parois et tous les volets sont ouverts. Cinq au moins. Ils regardent la salope en rouge se faire dĂ©zinguer les neurones mais seul le type en face peut voir combien je coule entre mes jambes.

Vous me relevez toujours sans mĂ©nagement. « Je vais prendre ton gros cul maintenant. Â» j’ai juste le temps de penser « Prendre rien du tout; je te le donne bien volontiers Â» que vous m’avez collĂ©e contre la vitre du fond, mes gros seins Ă©crasĂ©s contre le vitrage par la pression de mon poignet que vous appuyez sur mon dos. « Cambre-toi ! mieux que ça ! Ouvre ton cul Ă  deux mains, ma coccinelle ! Â»

AffalĂ©e au fond, je vous laisse me rudoyer sans rien dire et je vous prĂ©sente mon cul que vous allez investir. Pilonner serait plus exact. Vous me pressez contre la vitre. Je suis comme coincĂ©e entre votre queue bien raide et qui s’invite jusqu’aux couilles dans mon petit trou et cette vitre sans tain qui
 pas du tout sans tain. Je vois la queue du mec qui se paluche dans la cabine en face. Il est assis sur une chaise le pantalon aux chevilles et la queue bien raide aussi et il monte et il descend sa main poilue certainement en regardant mes nichons et mon ventre s’affaler contre la paroi. Vu que ses gestes sont coordonnĂ©s Ă  vos coups de rein, j’imagine qu’il entend mes gĂ©missements aussi. « Tu sais qu’il y a un haut parleur pour bien t’entendre couiner, salope ? Â» Je mets du temps Ă  vous rĂ©pondre parce que mon cerveau est on hold. Je rĂ©colte une belle claque : « Tu m’entends ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Â»

– Il y a un haut parleur pour qu’on m’entende, Monsieur.

Vous me donnez une autre claque.

– Merci , Monsieur.

Vous faites exprùs de coller ma bouche contre la vitre et je me dis que j’ai l’air d’une grosse masse de chair qui se fait fourrer.

– T’aimes te donner en spectacle, salope !

– Oui, Monsieur.

– T’aimes qu’on te voie te faire dĂ©foncer ton gros cul de salope, n’est-ce pas ?

– Oui, Monsieur.

– Qu’est-ce que tu aimes ?

– Qu’on me regarde me faire enculer, Monsieur.

Je suis en sueur. Mon maquillage doit ĂȘtre ravagĂ©. Je colle au mur de verre et laisse des grosses traces de salive et de doigts. Et je ahane des « oh oui ! Encore ! Â». Je note que mon soutien-gorge rouge gĂźt par terre sans savoir quand vous l’avez dĂ©chirĂ©.

J’ai joui en abondance. Vos doigts de la main droite qui s’invitent dans ma chatte alors que vous continuez Ă  me projeter contre la vitrine finissent de me faire exploser en un soleil orange. Je suis dĂ©gingandĂ©e et je tremble.

Je sens que vous me relevez en tirant mes cheveux. « Ah tu inondes par terre ? Petite jouisseuse, va. Â» J’ai les mains appuyĂ©es de part et d’autre du torse et je sens que vous me poussez de cĂŽtĂ©. Mais vous tournez ma tĂȘte vers la stalle du fond et je vois Ă  nouveau distinctement les grosses boules du type apparaĂźtre et disparaĂźtre derriĂšre sa main qui s’agite sur une large queue bien raide. On dirait que vous voulez que je vois le mateur.

« Alors si tu inondes par terre, je vais t’inonder aussi Â» Je ne m’explique pas trop par quel phĂ©nomĂšne vous arrivez Ă  me recouvrir de votre chaud liquide alors que vous bandiez en mon sĂ©ant il y a deux secondes. Je me sens ointe de votre chaude bĂ©nĂ©diction et je vois le gars dans la cabine d’en face se lever et s’approcher Ă  petits pas, empĂȘchĂ© par son pantalon aux chevilles. Il a une belle queue, avec un gros gland rouge garance. Je regarde sa bite et sa main s’agiter alors que vous me douchez littĂ©ralement. Et puis il finit de s’approcher et je vois son visage apparaĂźtre lĂ  oĂč vous collez le mien contre le verre. Il a ses yeux qui festoient dans mes yeux et je me sens plus que nue. « Alors, heureuse ? Â»

Je ne peux pas rĂ©pondre. Je suis interloquĂ©e. Vous me retournez sans mĂ©nagement. M’agenouillez devant vous. Tournez ma tĂȘte de cĂŽtĂ© si bien que je vois la sienne de l’autre cĂŽtĂ© de la vitre au-dessus de moi et sa queue dans le coin de mon Ɠil. C’est vertigineux de le savoir lĂ . Vous explosez en une pluie de gouttes sur ma figure et j’entends le bruit de son sperme projetĂ© sur la vitre. Je vois le sien dĂ©gouliner en silence et je sens le vĂŽtre couler lentement sur ma peau.

Et les rideaux se ferment. Cela doit faire une heure.